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Du Québec et du Canada

Benoît Bélanger et compagnie

January 28, 2025

Lettre d'appui des retraités du 388

Objet : Fermeture annoncée du Centre psychanalytique de traitement pour jeunes psychotiques, Le 388.

Nous sommes un groupe de professionnels retraités du Centre, Le 388.  Nous avons consacré notre carrière, près de 40 ans pour certains, au travail auprès de personnes psychotiques dans ce centre de traitement unique et reconnu bien au-delà des frontières québécoises.

Depuis 1982, le 388 est venu en aide à quelques centaines de patients souffrant de psychose en offrant un traitement global et efficace en dehors du cadre hospitalier. Grâce à une approche reposant sur la psychanalyse développée par le GIFRIC1,le 388 a développé un traitement qui n’existait pas auparavant. Il a permis à ces personnes des changements en profondeur, durables, et à une majorité d’entre eux de s’engager dans un projet social. Chacun de nous peut témoigner des dizaines de vies qu’ils ont vu se transformer et s’améliorer au fil de ce traitement.

Sous une prétention de saine gestion et dans sa quête maladive de standardisation des services, la direction du CIUSSS-CN a annoncé la fermeture de ce lieu de traitement unique avec l’accord du ministère de la Santé. Nous dénonçons avec vigueur cette décision précipitée et injustifiable sur les plans administratif et clinique. Alors que les experts et les médias ne cessent de documenter la détérioration des soins de santé, la décision de fermer le 388 apparaît comme une mesure contreproductive. Données statistiques à l’appui, une bonne proportion des patients du 388 reprennent une vie citoyenne active, retournent au travail ou aux études, mettent un frein au« syndrome de la porte tournante » et aux crises à répétition, tout en diminuant de manière significative leur recours à la médication. Où trouve-ton un centre avec de tels résultats vérifiables, où trouve-t-on un mode de traitement faisant l’unanimité des usagers et de leurs familles?

Au-delà des données comptables et statistiques, le 388 est avant tout un lieu d’accueil, d’espoir et d’humanité.Le psychotique n’y est pas considéré comme un objet d’étude et d’observation mais comme un sujet humain à qui l’on redonne la parole et surtout toute sa crédibilité. Le chaos psychique et la souffrance n’ont pas d’horaire et les usagers du 388 peuvent compter, 24 heures sur 24, sur des intervenants qui les connaissent et qui les appuient. Une telle disponibilité est essentielle pour établir et consolider les projets qui leur tiennent à cœur. Où retrouve-t-on cela ailleurs?

À travers les années, plusieurs d’entre eux nous ont confié avoir fait l’expérience des autres services du Réseau de la santé sans y trouver l’appui qu’ils cherchaient. Ils ont découvert au 388 un espace d’accueil, un lieu pour investir leurs énergies et leurs espoirs. Prétendre remplacer ce service unique, un service qu’ils ont choisi, par d’autres déjà surchargés est un leurre et ne les convaincra pas. Soyons clairs, il ne s’agit pas d’une réorganisation tel que le prétend le CIUSSS-CN mais bien d’une fermeture de service. Une telle décision, si elle n’est pas renversée, aura des conséquences graves, voire irréparables, sur leur santé et leur vie. Elle laissera leurs proches désemparés et impuissants devant la souffrance de l’un des leurs.

En tant que retraités du 388, on ne peut que s’indigner devant cette intention honteuse de priver les usagers actuels et futurs d’un traitement vital pour eux. Ne laissons pas le CIUSSS-CN détruire les efforts et les espoirs des plus démunis d’entre nous!

Benoît Bélanger, intervenant clinique au 388 de 1982 à 2020,retraité

Renaud Métivier, intervenant clinique au 388 de 1982 à 2018,retraité

Camille Fortin, intervenante clinique au 388 de 1982 à 2023,retraitée

Marie Paule Saumure, intervenante clinique au 388 de 1988 à 2023,retraitée

Hélène Michaud, intervenante clinique au 388 de1990 à 2008,retraitée

Lyne Rouleau, agent de planification, de programmation et derecherche
au 388 de 1982 à 2022, retraitée

Mario Boies, coordonnateur clinique du 388 de 1990 à 2024,retraité

Odette Gagnon, intervenante clinique de 1986 à 2024,retraitée

 [1]Groupe interdisciplinaire freudien de recherche et d’intervention clinique