Restez informé sur la situation en vous abonnant à l'infolettre

Restez informé

Abonnez-vous à notre infolettre pour rester informé des dernières nouvelles et de l’évolution de la situation.

Merci pour votre inscription !
Oups ! Une erreur s'est produite lors de l'envoi du formulaire.
Du Québec et du Canada

Dre Annie Soulières, MD

February 3, 2025

Lettre d'appui du Dre Annie Soulières

Québec, le 28 janvier 2025

À Monsieur Lionel Carmant,
Ministre responsable des services sociaux

Objet : Lettre de soutien au Centre le 388

Monsieur le Ministre,

Par la présente, je souhaite ajouter ma voix et mon appui indéfectible à la lettre de soutien que vous avez très récemment reçue de la part de 5 psychiatres et professeurs agrégés du CIUSSS de L’Estrie-CHUS, laquelle a été portée à ma connaissance après son envoi.

Malgré mon retrait de la pratique médico-psychiatrique depuis mars 2024, je partage non seulement la position et les arguments développés dans cette lettre, mais aussi une part de l’expérience qui est la leur. J’ai travaillé au CHUS en 2015 et collaboré à l’époque au projet que nous avions de créer un centre de traitement psychanalytique des psychoses sur place.

De plus, hormis la période sherbrookoise, j’ai travaillé dans différents milieux hospitaliers de soins : en région éloignée pendant 9 ans à Sept-Îles et plusieurs années à Joliette, pour ensuite terminer mes années de pratique à Québec en cabinet. Dans l’un ou l’autre de ces contextes médicaux, j’ai référé à plusieurs reprises des patients psychotiques pour des soins uniques et bénéfiques au 388, car malgré les suivis individuels et les soins intensifs dans la communauté par une équipe multidisciplinaire (SIM et SIV), trop souvent nos résultats se limitaient à contrôler les symptômes de décompensations de la psychose et encadrer au mieux ses ravages. Jamais nous ne pouvions obtenir les résultats cliniques aboutissant à une pleine participation citoyenne à la hauteur des résultats du traitement prodigué au Centre le 388. Seule une approche psychanalytique coordonnée avec un dispositif très précis peut permettre au psychotique d’espérer un véritable traitement de la psychose dans l’acceptation fondamentale de ce que ce mot, traitement, suppose de sens.

Je puis aussi témoigner de l’apport incommensurable que ce traitement encore aujourd’hui novateur et sans cesse perfectionné par une psychanalyse non figée dans le passé a pu apporter au psychotique, comme elle a permis une transformation dans ses applications « sans divan » de l’ensemble de ma pratique psychiatrique.

Je vous interpelle également du fait que la santé mentale et la psychiatrie ont toujours constitué le parent pauvre des budgets alloués aux services offerts à de tels patients. Or dans le cas qui nous occupe, on parle d’un centre unique, d’excellence et de pointe. Jamais il ne viendrait à l’esprit à quiconque de décider de la fermeture de l’Institut de cardiologie de Montréal ou de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, pourtant, la décision de fermer le 388 relève à mes yeux du même.

Je vous prie de reconsidérer votre décision pour l’avenir de nombreux jeunes psychotiques et leurs familles, pour la communauté de soignants pleinement investis dans le champ de cette clinique comme pour celui de notre société.

Veuillez, Monsieur le Ministre, accepter l’expression de mes sentiments les plus distingués.

Dre Annie Soulières, MD
(anciennement Fellow du Collège Royal des médecins et chirurgiens du Canada)

Copies conformes à Messieurs :
Étienne Grandmont, député de Taschereau
Pascal Paradis, député de Jean-Talon
Sol Zanetti, député de Jean-Lesage