Sauvons
le Centre 388

Le 388 offre un traitement de la psychose basé sur une psychanalyse renouvelée par le Gifric (organisme sans but lucratif) qui, pour la première fois, rend possible une sortie de la maladie psychotique. « Je n’aurais pas cru cela possible » nous disait encore cette semaine un usager au moment de faire le bilan de son traitement au 388. 

Le « traitement » au 388 n’a rien avoir avec ce qui est appelé « traitement » en psychiatrie traditionnelle. Dans le champ de la psychiatrie (que ce soit l’hôpital traditionnel toujours en place ou l’hospitalisation à domicile à la mode actuellement), le « traitement » n’a pas changé depuis l’invention des neuroleptiques : il consiste à donner une médication et un support psycho-social. Les molécules changent (et c’est une bonne chose) mais aucune ne permet une sortie de la psychose.  

Au 388, le traitement c’est avant tout la possibilité pour l’usager, grâce à la cure psychanalytique, de faire un travail en profondeur sur sa vie afin de dénouer les obstacles intérieurs qui l’ont mené à la maladie. Ce travail sur soi ouvre la porte à une transformation profonde (sortie du délire, sortie des voix) menant à des changements concrets dans le monde (reprise des études, du travail, etc.). Toute une équipe formée à la psychanalyse (psychiatres, intervenants, travailleur social) soutient le travail fait par l’usager dans la cure avec son psychanalyste. La médication, dans ce contexte, est un outil au service de l’usager psychotique : elle permet par exemple à l’usager de dormir et d’être suffisamment présent aux autres pour pouvoir faire le travail de la cure. Le traitement au 388 c’est la cure psychanalytique et l’accompagnement de ses effets par une équipe de professionnels. 

Cette psychanalyse renouvelée interpelle par son originalité et par ses résultats des chercheurs, cliniciens et professeurs d’université du monde entier. Chaque année le Gifric (l’organisme détenteur de l’expertise du traitement psychanalytique des psychoses) forme près d’une centaine de professionnels. Nombre d’entre eux témoignent des limites de la psychiatrie traditionnelle dont les promesses de guérison médicamenteuse ne se sont jamais réalisées. Ces psychiatres, psychologues, psychothérapeutes, etc. s’inspirent du 388 pour créer des avenues nouvelles pour le psychotique, des avenues plus respectueuses de son humanité. 

Loin d’être une « veillée funèbre », le rassemblement qui a eu lieu au 388 ce 12 mars, à l’image de la mobilisation sans précédent pour le 388 des derniers mois, a mis en lumière à quel point il y a un élan pour que des professionnels, responsables politiques et citoyens demeurent impliqués aux côtés au Gifric afin de préserver et déployer cette expertise acquise dans le traitement des psychoses. 

Pour conclure, permettez-nous de partager notre étonnement de lire dans les médias des personnes prendre la parole sur le traitement offert au 388 alors que celles-ci pour les unes n’ont aucune formation en santé mentale (fussent-elles médecin urgentologue), et pour les autres, n’ont jamais pris le temps de prendre connaissance réellement du travail qui se fait au 388, des résultats publiés et des témoignages des usagers. Dès lors, il nous est apparu important d’écrire ces quelques lignes pour situer les enjeux en présence auprès des citoyens qui cherchent à comprendre les choix des décideurs administratifs, psychiatriques et politiques en place.